lundi, avril 11, 2005

Sur le châtiment et ses limites

Trouvé dans La généalogie de la morale de Nietzsche, ce passage sur le châtiment que nos juges, nos policiers et tous ceux qui acceptent les bavures judiciaires et policières devraient méditer : on cherche dans le châtiment
« le véritable instrument de la réaction psychique qu’on appelle « mauvaise conscience », « remords ». Mais par là on se méprend sur la réalité et sur la psychologie (…) Le véritable remords est quelque chose d’extrêmement rare chez les criminels et les condamnés, les prisons, les pénitenciers ne sont pas du tout les lieux où prospère cette espèce de ver rongeur (…) Globalement, le châtiment durcit et refroidit ; il concentre ; il aiguise le sentiment d’exclusion ; il accroît la force de résistance. (…) il ne faut pas sous-estimer à quel point le criminel est justement empêché, par la vue des procédures du jugement et de son exécution, d’éprouver son forfait et la nature de son acte comme méprisables en soi : car il voit justement la même sorte d’action s’accomplir au service de la justice et ensuite être approuvée et accomplie en toute bonne conscience. »
Et dans le chapitre suivant, « pendant des siècles, les fauteurs de trouble frappés d’une peine ont réagi à l’égard de leur « délit » : « quelque chose, inopinément, a mal tourné », et non pas : « je n’aurais pas dû faire cela »- ils se soumettaient au châtiment comme on se soumet à une maladie… »
Que dire de plus? de mieux?

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