mercredi, juin 15, 2005

Just revenge de Allan M. Dershowitz

Allan Dershowitz est l’un des auteurs qui a le plus milité dans la presse américaine pour une utilisation « mesurée » de la torture au lendemain du 11 septembre (pour en savoir plus sur ses thèses, voir mon texte Torture : l’inquiétante candeur américaine dans les Temps Modernes, mars-juin, 2005). Passant dans une librairie de gare, il y a quelques jours, je tombe sur un roman policier que cet avocat qui enseigne à Harvard, a publié il y a quelques années et que l’on trouve aujourd’hui dans une collection de poche : Just revenge (collection policière du livre de poche). Je l’ai acheté, je l’ai lu. C’est plutôt un bon roman policier, qui se lit d’autant plus agréablement que l’on devine, derrière l’intrigue assez classique (dans une première partie on voit un théologien juif (mais athée) dont toute la famille a été décimée pendant la guerre se venger de manière particulièrement subtile du milicien letton qui a tué toute sa famille ; la seconde partie est, comme dans beaucoup de policiers américains, le récit de son procès) une réflexion sur la revanche et sur la possibilité des institutions contemporaines de juger.
On retrouve, par moments, dans ce texte, où l’on devine les interrogations de l’auteur et, au delà de ses interrogations, une pensée en mouvement, comme un écho aux réflexions de Jankélévitch sur ces mêmes thèmes. On comprend mieux, en le lisant, combien la pensée juive sur l’holocauste, mais aussi sur le conflit israélo-palestinien, a nourri la pensée politique américaine, a renouvelé les thèmes classiques de la revanche, de la violence, de l’impossibilité de pardonner mais aussi de juger. Ce qui, mieux que le poids politique de la communauté juive expliquerait la constance des positions américaines dans le conflit israélo-palestinien : il ne s'agirait pas seulement de real-politik mais aussi d'éthique. J’ajouterai que ce texte ne laisse, dans sa deuxième partie, en rien préjuger des positions de son auteur au lendemain du 11 septembre alors même que sa première partie leur laisse la porte grand ouverte.

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