mardi, janvier 31, 2012

Augmentation de la CSG : un taux record de taxation de l'épargne

La Tribune a disparu, dans sa version papier. C'était un bon journal, pas trop à droite, ce qui pour un journal économique n'est pas si fréquent, avec des informations et des analyses souvent originales. Il continue d'exister sur internet et de publier des analyses originales comme celle-ci de Philippe Mabille sur les hausses de la CSG décidées par Nicolas Sarkozy dont je retiens les passages suivants :

- "Avec la hausse de deux points de la CSG sur les revenus financiers, Nicolas Sarkozy porte au niveau record de 39,5% la taxation de l'épargne. Soit onze points de mieux en cinq ans... De quoi faire fuir les capitaux et dissuader les Français de financer l'économie. C'est donc sous Nicolas Sarkozy et une majorité de droite que la taxation des revenus financiers aura le plus fortement augmenté au cours de notre histoire, subissant un choc fiscal sans précédent, même quand la gauche était au pouvoir."

-  "En annonçant son intention de relever de 2 points la CSG sur les produits financiers, en complément de la hausse de 1,6 point du taux normal de TVA ( à 22,1%), pour financer la baisse de 13 milliards d'euros des cotisations patronale de la branche Famille, le chef de l'Etat (…) procède à un tour de passe-passe improvisé et dangereux pour le financement de l'économie française, de la façon la plus injuste qui soit de surcroît. Pas sûr d'ailleurs qu'il parvienne à convaincre sa majorité UMP de voter un tel coup de massue fiscal à la veille des échéances présidentielles et législatives."

- "Cette hausse de la CSGi concernera en effet la quasi totalité des placements (dividendes, intérêts d'obligations, y compris celles émises par l'Etat, assurance-vie, sicav et FCP, épargne salariale, livrets et comptes sur livrets et autres comptes à terme) et donc tous les épargnants, les gros comme les petits, notamment les retraités aux revenus modestes qui vivent des revenus de leur épargne. Seuls le livret A et le Livrets de Développement Durable y échapperont. De ce point de vue, le projet annoncé par François Hollande d'aligner la taxation du capital sur celle des autres revenus comme les salaires, en leur appliquant le barème de l'IR apparaît plus équitable, puisque le prélèvement sera progressif en fonction du revenu. Les petits patrimoines seront donc moins taxés que les gros."

- "Cette hausse de la CSG sur les revenus financiers est d'autant plus étonnante qu'elle entre en totale contradiction avec l'affichage, purement factice il est vrai, de la fiscalité entre la France et l'Allemagne. Vaccinée depuis la fin des années 1980 contre tout excès de taxation du capital (qui avait à l'époque fait fuir les capitaux massivement au Luxembourg), notre voisin taxe de façon beaucoup plus légère les épargnants."

- "Certes, la gauche veut elle aussi augmenter lourdement les impôts, mais la structure qu'elle envisage est beaucoup plus cohérente avec une stratégie de convergence avec l'Allemagne, puisqu'au lieu d'augmenter la CSG et la TVA, elle veut alourdir l'impôt sur le revenu et baisser l'impôt sur les sociétés sur les PME et les bénéfices réinvestis. A tout prendre, le Medef, qui a applaudi discrètement la TVA sociale Sarkozy, ferait peut-être bien de refaire ses calculs... En faisant financer les déficits sociaux par l'alourdissement de la fiscalité de l'épargne et de la TVA, Nicolas Sarkozy prend le double risque de faire chuter la consommation, seul moteur de la croissance et de provoquer une vague d'évasion fiscale qui pénaliserait gravement le financement de l'économie par l'épargne nationale. Il est peu probable que la compétitivité de la France en sortira améliorée."

- "Les 3 ou 4 points de baisse de charges dont va bénéficier l'industrie risquent d'être annulés par une hausse de leur coût d'accès au capital. Sans oublier le cadeau fiscal gigantesque fait au passage aux banques, qui ne sont pas assujetties à la TVA, mais payent une taxe sur les salaires, et sont parmi les plus concernées par l'allégement de cotisations familiales vu les niveaux de revenus concernés (jusqu'à 2,4 Smic)..."

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