dimanche, février 26, 2012

Les ouvriers préfèrent Hollande

Les sondages inquiètent les journalistes, comme en témoignent les titres du Monde d'il y a qulques jours et celui du JDD d'aujourd'hui. Ils nous donnent pourtant des indications assez précises : Nicolas Sarkozy n'a pas vraiment réussi son entrée en campagne, Bayrou et Le Pen sont en perte de vitesse, Hollande voit son capital s'effriter lentement mais sûrement, d'où la réduction de l'écart avec le Président candidat, Mélenchon ne progresse que peu, Joly reste très bas. Mais il est vrai que peu de choses ont vraiment bougé ces dernières semaines et que cela rend plus difficile l'interprétation.

Peut-être faut-il, pour en savoir un peu plus et comprendre les mouvements d'opinion, chercher des sondages plus fins comme celui que vient de publier TNS-Sofres sur les ouvriers. Ses résultats devraient faire parler tant ils surprennent : on attendait Marine Le Pen en favorite des ouvriers, voire Mélenchon. Hé bien, non, c'est François Hollande qui arrive en tête devant Mélenchon et loin devant Sarkozy ou Le Pen.


Ce qui fait penser que les commentateurs qui nous expliquent depuis des années, derrière les analystes du Cevipof et de Pascal Perrineau, que le vote ouvrier est devenu propriété du Front National se trompent. Le tournant ouvriériste de Nicolas Sarkozy et de Marine Le Pen n'a pas convaincu les premiers intéressés. Bien au contraire, semble-t-il, puisque 75% des ouvriers interrogés choisissent, dans ce sondage un candidat de gauche lorsqu'il s'agit de choisir le candidat qui défend le mieux les ouvriers. Ce qui ne veut évidemment pas dire qu'ils voteront pour eux : on peut penser que François Hollande défend mieux les ouvriers et cependant voter pour Nicolas Sarkozy parce qu'on le pense plus énergique ou pour Marine Le Pen par détestation des immigrés. Mais tout de même, cela fait penser que les lignes ne sont pas si nettes qu'on dit. 

Autre surprise, les candidats protectionnistes (Le Pen et Mélenchon, 37% à eux deux) arrivent loin derrière les candidats du libre-échange (Hollande, Bayrou, Joly, Sarkozy, 65%), ce qui fait penser que cette thématique n'est pas aussi puissante qu'on a pu le penser.

La bonne tenue des candidats de gauche, et notamment de Hollande, vient sans doute de ce qu'ils visent la finance, ce que ne font ni Sarkozy ni Le Pen, or les ouvriers qui perdent leur emploi ou craignent de le perdre mesurent très bien son poids dans les décisions qui les affectent. Et sans doute savent-ils mieux que quiconque combien la production industrielle dépend aujourd'hui de l'extérieur. Quand on est dans un atelier, on sait ce qu'il en coûterait de mettre des barrières aux frontières. Non seulement, on aurait du mal à vendre ses produits à l'étranger mais ceux-ci seraient encore moins compétitifs du fait de l'augmentation du prix des composants venus de l'étranger qui entrent dans leur fabrication.

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