dimanche, novembre 25, 2012

Copé-Fillon, un conflit entre deux postures morales

L'affaire de l'UMP ressemble tellement à une suicide politique que les bras en tombent. On a envie de dire qu'ils sont devenus fous, mais ce n'est certainement pas le cas, qu'ils ont perdu la tête, mais ils paraissent tellement rationnels qu'on en doute. Ce qui invite à se demander ce qui se passe dans leur for intérieur et dans celui de leurs conseillers et partisans. Comme ce sont des gens intelligents, je suis sûr qu'ils voient bien dans quelle aventure catastrophique ils se sont l'un et l'autre engouffrés, sans doute par maladresse (la première de ces maladresses et la principale étant certainement l'annonce anticipée de sa victoire par Copé), dans ce qui est une catastrophe pour l'un et l'autre, pour leurs amis, pour leur parti, pour la démocratie (comment demain croire au souci du bien commun des politiques quand on les voit se battre de cette manière?). Mais ils ne peuvent faire autrement. Ils savent qu'ils font une bêtise mais ils la font et ils mesurent toute la stupidité de leur comportement en même temps qu'ils s'enfoncent.

Aristote avait un mot décrire ce type de comportement : akrasia, que les scolastiques ont traduit par incontinens qui a donné notre incontinence, concept qui a beaucoup intéressé les philosophes anglo-saxons des années 60 qui parlaient, de manière un peu trompeuse, de faiblesse de la volonté (weakness of will). J'ai longtemps pensé, sans avoir le moindre début de preuve, que cet intérêt était lié au spectacle de camarades incapables de se défaire de la drogue (le texte de Donald Davidson sur le sujet, How is weakness of will possible, date de 1969). Ce n'est certainement pas la drogue qui a brouillé le jugement de Fillon et Copé mais plutôt le sentiment de l'injustice pour l'un et celui d'avoir le droit de son coté pour l'autre.

Ce ne serait donc plus l'ambition qui les guiderait dans leurs actions, ambition dont leurs comportements rend la réalisation bien improbable, mais des sentiments moraux, celui du juste et celui du bon droit, du respect de la règle, qui ne sont pas rappeler ceux qui amènent les enfants à résister à leurs parents quand bien même ils savent qu'ils ne l'emporteront pas. En ce sens, ils me rappelle les comportements de ces salariés licenciés qui, plutôt que de tirer un trait et chercher un nouvel emploi, se lancent dans une grève de la faim ou dans des actions extrêmes.

Le plus étonnant est que rien ni personne n'ait su les arrêter. Faut-il le rappeler? dans une situation voisine, Ségolène Royal avait su jeter l'éponge. Peut-être parce qu'elle avait plus confiance en son étoile que les deux prétendants à la direction de l'UMP.

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